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Autoportrait

Eugène Delacroix

(1798 - 1863) | 893.3

Date : vers 1816 | Technique : Huile sur toile

Acquis en 1893

Plus grand que nature, vu de face, le regard comme halluciné, ce saisissant portrait de Delacroix est facilement identifiable grâce à l’autoportrait de 1819, connu par une gravure de Villot : le personnage surgit de l’ombre avec la même chevelure abondante et le même regard fascinant. Delacroix est ici au sortir de l’adolescence, alors qu’il est encore dans l’atelier de Guérin et qu’il fréquente Géricault, chez qui il sert de modèle et pose pour une figure de jeune homme mort dans le Radeau de la Méduse. L’œuvre a primitivement été attribuée à Géricault lui-même. Mais l’existence de la gravure, la forte présence du personnage au regard fixe et enfin le métier distinct de celui de Géricault parlent en faveur d’un autoportrait. Delacroix se peint ici avec une gravité juvénile, un aplomb introspectif, un caractère ténébreux dont l’effet est renforcé par un inquiétant clair-obscur et un métier rembranesque : la photographie infra-rouge de l’œuvre découvre des ombres nettes et une chevelure maçonnée qui ont été volontairement noyés sous des glacis. Le « pinceau arrondit la pâte pour la faire bien lisse » (G. Bazin) et le traitement de l’ensemble est fluide. Bref c’est un portait magistral, qui traduit la force du tempérament et la détermination du génie en formation. Il est à noter que le musée l’a acquis de la collection de Pierre Andrieu, disciple de Delacroix.