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L’Incendie – Scène d’exode

Ary Scheffer

(1795 - 1858) | 975.4.207

Date : vers 1823 | Technique : Huile sur toile

Aujourd’hui nous connaissons surtout du peintre Ary Scheffer ses compositions froides et transparentes d’après 1830. Mais le peintre a aussi réalisé dans les années 1820 des petites scènes de genre au sentimentalisme larmoyant – que l’on appellerait volontiers aujourd’hui des œuvres commerciales – et qui lui assurent une grande notoriété (Le Retour de l’invalide, L’Inondation …).

À l’époque de la Restauration où la peinture troubadour célèbre les vertus des héros de l’Ancien-Régime, les artistes mettent aussi en accusation les ravages causés par les folies guerrières de l’Empereur. Et avec le retour à la paix, la société française voit les bourgeois prendre de plus en plus d’importance dans les commandes de tableaux, avec une demande nouvelle pour des scènes de la vie du peuple.

Il est possible que le tableau de Rouen soit la « Scène d’invasion » de 1823 mentionnée par Cornelia Scheffer, la fille du peintre, qui a établi la liste des œuvres de son père en 1859. Le style du tableau de Rouen est bien celui des années 1820 et son sujet est très proche de celui d’un tableau de 1827 intitulé L’Incendie d’un village en Alsace en 1814 (Paris, Musée de la Vie Romantique à Paris).

Au début de l’année 1814, les alsaciens furent nombreux à fuir devant les armées napoléoniennes. Cette réalité de la souffrance profonde du peuple alsacien, Ary Scheffer la montre de manière très juste. Il montre les expressions variées en réaction à l’incendie du village (en bas à droite du tableau), de la résignation à la colère en passant par la tristesse et la supplique. Par le dessin des attitudes, le peintre sait mettre de la tension dans chacun des personnages. Et l’on comprend que l’incendie est toujours menaçant par le jeu des rehauts de couleur orange et jaune qui rendent les flammes du feu toutes proches.