Philippe de Champaigne
(1602 - 1674) | D.803.9
Date : Vers 1633 | Technique : Huile sur toile
Philippe de Champaigne est un peintre profondément religieux, respectueux du dogme catholique et des recommandations du Concile de Trente en matière de représentation. Cette figure du Père éternel les respecte scrupuleusement. L’historien de l’art Bernard Dorival a montré que la position très particulière des doigts de la main droite de Dieu provient d’un des ouvrages de la bibliothèque de Philippe de Champaigne, les Hiéroglyphiques de Pierius (1556) : le symbole en est les nombres deux et cent, soit la Matière et la Puissance associées à la Raison et à la Perfection. Le sujet du tableau pourrait donc être la création du monde par le Père céleste, célébré par un concert d’anges.
Par rapprochement stylistique, Bernard Dorival a pu dater cette œuvre vers 1633. Les anges ressemblent à ceux de l’Annonciation du Musée de Caen - qui provient d’une chapelle de Notre-Dame de Paris et pourrait en être le pendant - et à ceux d’une autre Annonciation, celle de l’église de Montrésor (Indre-et-Loire) qui daterait de 1636 environ.
Mais ce tableau a eu du mal à trouver une attribution. Il fut donné au XIXe siècle successivement à Philippe de Champaigne, Noël Coypel, un élève de l’école de Vouet, avant de revenir finalement à Philippe de Champaigne en 1961 grâce à Bernard Dorival. Philippe de Champaigne appartient à cette génération de peintres «aventuriers» (Jacques Thuillier) qui multiplièrent dans leur jeunesse les recherches picturales. Ainsi, comme l’a remarqué Pierre Rosenberg, ce tableau rappelle étonnement le Concert du caravagesque Honthorst du Louvre (1624).