Raymond Duchamp-Villon
(1876 - 1918) | 985.3
Date : 1914 | Technique : Plâtre original
Vers 1910 Raymond Duchamp-Villon participe avec ses frères Jacques  Villon et Marcel Duchamp, avec Fernand Léger et Robert Delaunay, à la  création du mouvement de la Section d’Or regroupant les artistes du  cubisme français, par opposition au cubisme « orthodoxe » de Picasso et  de Braque. 
À cette même époque La Danse de Carpeaux à  l’Opéra se détériore en plein air et une enquête est menée. Raymond  Duchamp-Villon nous livre à cette occasion ses réflexions sur la  sculpture : « Le vrai but de la statuaire [est] avant tout monumental »  et « l’œuvre doit vivre décorativement à distance par l’harmonie des  volumes, des plans et des lignes, le sujet important peu ou pas du tout  ». 
D’après Marcel Duchamp, qui écrit en 1966, Le Cheval devait servir à illustrer les idées nouvelles de son frère au salon de  1914. Il n’en fit à l’époque qu’un plâtre original de 44 cm (musée de  Grenoble), la guerre interrompant son travail définitivement puisque  l’artiste meurt en 1918. 
Mais Marcel Duchamp réalise en 1966 avec  l’aide du sculpteur Gilioli cette épreuve d’atelier de 1,50 m de haut en  plâtre qu’il rebaptise Le Cheval Majeur en référence au «  cheval-vapeur ». Il en confie la fonte à la maison Susse pour plusieurs  sculptures en bronze, dont une est conservée à la préfecture de Rouen. 
Composé  de sections de sphères, de cylindres et de cônes évoquant bielles,  poulies et essieux, dont l’agencement procède d’une analyse  fonctionnelle de la bête, Le Cheval Majeur constitue dans  l’histoire de l’art une des premières et rares fusions réussies entre le  mouvement de la machine et celui d’un être animé. Si l’on croit  reconnaître le cou flexible de la bête, il prend une forme concave quasi  propulsive, tandis que la structure architectonique résolument  abstraite de l’ensemble, avec ses points d’intersection et ses angles de  vue multiples, le dynamise sous toutes ses faces.