Evariste-Vital Luminais
(1822 - 1896) | D.912.1.1
Date : Après 1880 | Technique : Huile sur toile
Selon une légende née au XIIe siècle, les deux fils du roi Clovis II se révoltèrent contre leur père, quand il partit en croisade. Jugés pour rébellion au retour de ce dernier, ils furent punis par où ils avaient péché, c’est à dire privés de leur force : l’opération consista à les « énerver », c’est à dire à leur brûler les tendons des muscles, de sorte qu’ils ne pouvaient plus bouger. Plus tard, pris de pitié, les parents décidèrent de les remettre à la grâce de Dieu. Ils les firent placer sur un radeau sans rame ni gouvernail et les abandonnèrent à la dérive sur la Seine. C’est la scène qu’a choisi le peintre : rejetant l’interprétation littérale du texte, où un serviteur accompagne les princes (ce personnage est présent dans une des esquisses préparatoires), il les isole, gisants, dans l’immensité glauque, où le ciel et l’eau se marient. Les deux princes inertes sont chaudement enveloppés d’une couverture aux ornements mérovingiens, sur le radeau paré de coussins de velours. La bougie, qui ne s’éteint pas, derrière un reliquaire fleuri, indique la protection de Dieu, tandis qu’au loin une aube blanche annonce un refuge salutaire : un moine de l’abbaye de Jumièges les recueillera et les soignera. Et ils vivront là saintement.
Cette peinture est la réplique autographe de la première version de l’oeuvre, exposée au Salon de 1880 et achetée aussitôt par le musée de Sydney. La version de Rouen a été acquise à la vente après décès du peintre, qui semble avoir voulu conserver un exemplaire d’une œuvre si marquante.
Dépôt de l’Etat, 1912