Thomas Couture
(1815 - 1879) | 951.4.1
Date : 1842 | Technique : Huile sur toile
Mme Poullain-Dumesnil (1799-1842) fut l’amie et l’inspiratrice du grand historien Jules Michelet (1798-1874). Thomas Couture l’a représentée quelques semaines avant sa mort, à la demande de Michelet ; elle s’éteindra avant que le portrait soit achevé. C’est donc l’image profondément émouvante d’une femme aux traits marqués par la maladie qui est livrée à notre regard. Michelet a tenu à ce que le peintre fixe ad vivum les traits de son amie et il s’en explique en partie dans son Journal. Il note le 21 février 1842 : « Il y a aussi une beauté dans la souffrance et l’amaigrissement ; les yeux sont bien raphaélesques. Elle est mieux pour le peintre qu’il y a quelques mois. » La malheureuse expire le 31 mai 1842 et Michelet envoie immédiatement chercher le peintre pour qu’il fasse encore quelques croquis. L’attitude de Michelet n’est pas exceptionnelle au XIXe siècle. Ce siècle scientiste révère la mort et multiplie les images souvenirs les plus réalistes de ses défunts ; masques mortuaires, portraits funéraires et, après 1845, daguerréotypes. On élève des tombes monumentales et l’on grave dans le marbre des serments de fidélité éternelle aux morts, conjuration probable du doute qui s’installe dans les consciences.
Le portrait de Mme Dumesnil échappe toutefois au sentimentalisme généralement caractéristique de ces effigies par la retenue et l’élégance que Thomas Couture a su lui conférer.