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L’Orage

Nicolas Poussin

(1594 - 1665) | 975.1

Date : Vers 1651 | Technique : Huile sur toile

Peint vers 1651 avec son pendant (Paysage par temps calme, Los Angeles, Getty Museum) pour l’amateur Pointel – un des grands commanditaires privées de Poussin –, ce tableau permet à Nicolas Poussin de montrer au milieu parisien toute sa science du paysage. Il s’agit en effet d’une de ses premières peintures de paysages vues à Paris, à peu près à la même date que le célèbre Paysage avec Pyrame et Thisbé (Francfort, Städelsches Kunstinstitut).
L’homme du XVIIe siècle avait bien conscience que les idées et les passions humaines trouvaient des correspondances dans la nature. C’est ce qu’a voulu représenter Nicolas Poussin. Comme il l’écrit lui-même à propos du Paysage avec Pyrame et Thisbé : « Toutes les figures qu’on y voit jouent leur personnage selon le temps qu’il fait ». On note ici en effet la crainte de l’homme qui se protège de la pluie, la terreur de celui qui est recroquevillé dans un coin ou encore l’horreur du jeune homme à droite qui recule devant l’éclair: Toute la gamme de la peur est ici exprimée et est proposée à la méditation du spectateur, en somme comme dans un tableau d’histoire.
Le peintre écrit aussi «j ’ai essayé de représenter un tempête sur terre ». Phrase non pas anodine car, comme son beau-frère Dughet, Poussin peint le paysage pour lui-même, d’après nature. Certes Poussin reconstruit, mais en respectant la réalité de la nature. On voit dans L’Orage tel effet de lumière, telle atmosphère, tel arbre ou tel buisson qui sont autant d’éléments bien naturels. Cette exactitude naturaliste a dû étonner les peintres de paysages contemporains – les Patel, Mauperché, La Hyre ou Champaigne – dont les compositions sont plus idéalisées, même si elles comportent des éléments de réalité. Quant à Gaspard Dughet, Jacques Thuillier, qui s’est penché longuement sur le tableau de Rouen, note qu’« il y a chez Gaspard une curiosité plus vive pour les éléments naturels, un plaisir aux accidents pittoresques, qui s’opposent à la sobriété, au souci intellectuel de construction et de synthèse qui font la grandeur de Nicolas ».