Gérard David
(1450 - 1523) | D.803.4.
Date : Vers 1509 | Technique : Huile sur bois
Formé à Haarlem, ville où travaillait Gérard de Saint-Jean, puis bien accueilli à Bruges, Gérard David en devint l’un des grands peintres, prolongeant la tradition de Hans Memling, mort en 1494 : devenu en 1484 franc maître de la guilde des peintres il épousa en 1496 Cornelia Cnoop, fille du doyen de la guilde des orfèvres. Le retable de la Virgo inter Virgines fut offert en 1509 au couvent des Carmélites de Sion de Bruges.
Marie trône entre deux anges musiciens avec l’Enfant qui égrène une grappe de raisins, symbole eucharistique. Elle reçoit l'hommage d’une assemblée de martyres au charme enfantin, reconnaissables à leurs attributs traités en ornements précieux : de gauche à droite, Dorothée à la corbeille de roses (l’avocat Théophile lui avait fait la promesse de se convertir si elle lui envoyait des roses et des pommes du jardin du Christ), Catherine d’Alexandrie à la couronne ornée de la roue du supplice (qui se brisant miraculeusement au lieu de la tuer), Agnès, un agneau à ses pieds (la sainte mourru à 14 ans pour avoir refusé de se marier avec un païen), derrière elle, une anonyme, puis Fausta avec une scie (instrument de son martyre), Apolline avec une tenaille (dont on se servit pour lui arracher les dents), Godelive avec une écharpe (dont se servit son mari pour la faire étrangler), Cécile à côté d’un orgue (elle chanta jusqu’au bout les louanges du Seigneur), Barbe à la coiffe ornée d’une tour (son père l’y enferma) et Lucie tenant ses yeux (qui selon certains lui auraient été arrachés et selon d’autres qu’elle se serait arrachés elle-même). Un homme, en haut à gauche, s'unit à cette sainte conversation, en face d’une femme en cornette blanche : c’est le peintre Gérard David lui-même et vraisemblablement sa femme, Cornelia.
Les saintes se détachent sur un fond neutre avec une force plastique qui évoque un bas relief mais qu’anime la gracieuse émergence des visages et la beauté des matières. Dans cet ensemble dense, la vierge au verticalisme accentué inhabituel chez le peintre et d’une grande solidité statuaire, semble répondre à la Madone de Bruges de Michel-Ange arrivée dans la ville en 1506.