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Le Singe peintre

Jean-Baptiste Deshays

(1729 - 1765) | 974.4

Date : XVIIIe | Technique : Huile sur toile

Ce tableau très original par le sujet – un singe peintre au travail devant son modèle – se réfère à une tradition flamande qui a été reprise en France par Watteau et Chardin notamment au XVIIIe siècle. Le personnage du singe réputé imiter ses confrères permet de se moquer de ces artistes sans qualité particulière que la bonne facture et qui reproduisent des recettes d’atelier.

Dans les années 1740 et 1750 les conflits deviennent violents entre les différentes écoles de peinture et le durcissement de l’Académie Royale dans sa discipline crée le risque que ses élèves deviennent de plus en plus simplement de bons élèves sans plus. Les critiques se multiplient de la part de ses concurrents : l’école des Protégés du Roy, la Maîtrise et les peintres indépendants. Une de ces critiques à l’époque est que l’on n’étudia pas l’académie féminine, sans parler du nu féminin, certains peintres de l’Académie rendant même compte de l’anatomie de la femme en se basant sur des modèles masculins !

Voilà sans doute la raison du succès de ces singeries de peintre à cette époque et la raison de la représentation de ce nu étonnant, d’une femme très musclée et presque difforme ! Mais pourquoi donc est-ce le cas pour le modèle dans cette peinture et non sur la toile – peu distincte – ? Le peintre de ce tableau se moquerait-il de lui-même ? Cette position de nu est connue de Jacob van Loo et de Carle van Loo (le maître de l’école des Elèves Protégés du Roy) et de Chardin – qui tiendra toujours ces distances envers ces écoles — dans la position du singe peintre qui est la même que celle du tableau célèbre du Louvre. Ce peintre est donc peut-être un académicien, proche des Van Loo (et de leur école des Elèves Protégés du Roy) et de Chardin. De plus la facture de ce tableau rappelle le style large de Boucher et Carle van Loo dans la finition – à part la caricature de la femme vue de dos. Jean-Baptiste Deshays a été élève de Boucher avant d’être élève des Protégés du Roy de Carle Van Loo et envoyé ensuite à l’Académie de Rome dans les années 1740.