Jules-Alexandre Grün
(1868 - 1938) | D.932.1
Date : 1911 | Technique : Huile sur toile
Jules-Alexandre Grün réalise cet immense tableau de plus de six mètres de large pour le Salon de Artistes français de 1912. Bien méconnu aujourd’hui autrement que comme caricaturiste et affichiste de Montmartre, le peintre faisait pourtant partie à l’époque de la bonne société parisienne et il était reconnu comme un bon portraitiste et peintre de natures mortes. D’ailleurs il exposait au Salon depuis les années 1890.
Certes Grün n’est pas resté à la postérité comme un grand maître, certes son art semble un peu archaïque à l’époque où Picasso réalise ses premiers collages, pourtant il faut bien reconnaître la performance dans cette grande toile aux cent personnages qui s’organise harmonieusement et avec beaucoup de naturel. Et ce n’est pas un hasard : il y eu d’autres grandes compositions de la part du peintre. Ensuite regardons l’œuvre de plus près : on y retrouve les solides qualités picturales qui font toute l’originalité de l’artiste, sa touche synthétique et large qui rappelle celle de son maître Guillemet, sa maîtrise des effets de lumières et du rendu de la matière qui a fait sa réputation dans la nature morte et cette bonne humeur générale qui allait si bien avec son caractère. Grün est donc un peu moderne malgré tout.
Et puis le tableau de Rouen est un témoignage unique de la société parisienne à la Belle Époque. Le « Tout-Paris » est ici représenté, du peintre doyen Harpignies (assis à droite la canne à la main) en conversation avec le sous-directeur des beaux-arts Dujardin-Beaumetz, à Ginette Lantelme (au centre du tableau), la femme du directeur du journal le Matin, dont la beauté émerveillait Paris, en passant par Angelo Mariani (à gauche de Mme Lantelme), l’inventeur à succès du « vin Mariani » — l’ancêtre du Coca-Cola —, Grunberg, le célèbre médecin (en bas à l’extrême gauche) et les peintres Guillemet, Rochegrosse, Baschet et Grün lui-même, entre autres bien sûr.