Créé en 2000 par l’ADIAF, le Prix Marcel Duchamp distingue chaque année un artiste français ou résidant en France, travaillant dans le domaine des arts plastiques et visuels. Bénéficiant depuis l’origine d’un partenariat de référence avec le Centre Pompidou, et mobilisant un réseau du monde de l’art de qualité exceptionnelle, il figure aujourd’hui parmi les prestigieux prix décernés dans le monde de l’art contemporain.
Depuis quatre ans, l’ADIAF s’est engagée dans un Tour de France à la rencontre d’un nouveau public. Après le LaM près de Lille en 2011, le Château de Tours en 2012 et le musée des Beaux-Arts de Libourne en 2013, la Ville de Rouen et son musée des Beaux-Arts accueillent cette année l’exposition des quatre artistes nommés pour la 14e édition du prix Marcel Duchamp. Un rendez-vous chargé d’émotion pour l’ADIAF dans une ville qui a marqué la jeunesse et l’oeuvre de Marcel Duchamp.
Les visiteurs pourront découvrir dans les cabinets des dessins du musée des Beaux-Arts des oeuvres en petit format de Théo Mercier, Julien Prévieux, Florian et Michael Quistrebert, et Evariste Richer, et des installations monumentales à l'Abbatiale Saint-Ouen. Un parcours spécial dans la Ville a également été pensé autour de l'événement : expositions spéciales dans les galeries, visite du cimetière monumental ou les cendres de Marcel Duchamp sont conservées, ou encore des collections permanentes du musée des Beaux-Arts où un nouvel accrochage a été mis en place dans les salles consacrées à la famille Duchamp.
Les artistes :
Théo Mercier :
A l’issue d’un cursus suivi dans une école de design industriel, Théo Mercier choisit le studio newyorkais de l’artiste Matthew Barney, pour parfaire sa formation. Artiste-collectionneur, il crée des sculptures et des installations réalisées à partir d’objets trouvés ou fabriqués, qu’il immortalise parfois par le biais de la photographie. Son travail mêle différents univers : ethnique, kitsch, surréaliste, culinaire, art et non art, ironie, humour noir, incongruité, objets rituels, anatomie ou tatouage. Ses installations sont des lieux où se télescopent l’esthétique du cabinet de curiosité, le cadavre exquis, le marchand de souvenirs cheap, le sex-shop, la culture punk, la composition florale et le mauvais goût. Il dit lui-même que « beaucoup de ses travaux sont conçus comme des collages.»
Julien Prévieux :
Le travail, le management, l’économie, la politique, les dispositifs de contrôle, les technologies de pointe, l’industrie culturelle sont autant de « mondes » dans lesquels s’immisce la pratique de Julien Prévieux. À l’instar des Lettres de non-motivation qu’il adresse régulièrement depuis 2000 à des employeurs en réponse à des annonces consultées dans la presse, détaillant les motivations qui le poussent à ne pas postuler, ses oeuvres s’approprient souvent le vocabulaire, les mécanismes et modes opératoires des secteurs d’activité qu’elles investissent pour mieux en mettre au jour les dogmes, les dérives et, in fine, la vacuité. Julien Prévieux développe une stratégie de la contre- productivité, ou de ce que le philosophe Elie During nommait, dans un récent texte sur la pratique de l’artiste, le « contre-emploi ».
Florian et Michaël Quistrebert :
Florian et Michaël Quistrebert développent depuis une dizaine d’années une pratique picturale protéiforme, convoquant tour à tour des références au mythe de l’ouest américain, au mysticisme noir, au rock psychédélique ou encore à l’art cinétique. Leur parcours original opère en quelque sorte un retour «aux origines de l’abstraction», nous incitant à faire de la peinture une expérience physique et sensorielle. Leurs premiers travaux géométriques réalisés à la bombe noire aérosol ont, pour reprendre leurs mots, « l’aspect d’un cubisme vaporeux à la Feininger ». Passant alternativement de la peinture à la vidéo, leurs vidéos déploient en mouvement ce qu’ils posent en peinture, tandis que le travail audiovisuel vient nourrir le pictural.
Evariste Richer :
« L’oeuvre d’Evariste Richer interroge nos tentatives de comprendre les lois qui gouvernent le monde.
Fasciné par le miracle des sciences il en détourne les outils (instruments de mesure, cartes et méthodes d’investigation) pour en révéler le potentiel poétique. Fidèle à l’esprit duchampien, il manipule les mots et les médiums avec humour et utilise le ready made comme déclencheur de sens. Les objets qu’il mobilise témoignent d’une ambigüité entre produit naturel et artefact culturel, révélant ainsi l’inadéquation de nos outils de connaissance face à l’expérience du monde. Empreint de merveilleux scientifique, le travail d’Evariste Richer donne lieu à une réactivation de l’art conceptuel sur le mode du sublime.»