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Reconstruire... la flèche

30 Novembre 2024 - 2 Juin 2025
Reconstruire... la flèche

                     Reconstruire... LA FLÈCHE

                      Une exposition du Temps des Collections

                          Jusqu'au 2 juin 2025 au musée des Beaux-Arts de Rouen

La flèche de la cathédrale de Rouen, aujourd’hui objet d’une longue et délicate restauration, est devenue un élément emblématique du paysage de la cité. C’est aussi l’un des grands jalons de l’histoire de l’architecture métallique du 19e siècle, au même titre que la tour Eiffel.

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Fruit d’un chantier titanesque qui s’étend sur plus de soixante ans, elle a pourtant suscité bien des débats à l’époque de sa construction : en 1857, alors que sa silhouette se dresse encore inachevée au-dessus de la ville, Flaubert la dépeint dans Madame Bovary comme « la tentative extravagante de quelque chaudronnier fantaisiste ».

Elle est érigée à la suite d’une catastrophe comparable à celle qui a frappé Notre-Dame de Paris en 2019. Le 15 septembre 1822, la foudre frappe la flèche construite au 16e siècle et déclenche un incendie impossible à maîtriser. Cette haute aiguille de bois s’effondre deux heures plus tard. La couverture du choeur, celle du transept et celle de la nef sur un tiers de sa longueur disparaissent aussi dans les flammes, tandis que les gargouilles crachent de tous côtés du plomb en fusion en dégageant des gaz qui teintent le brasier de lueurs fantastiques.

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                                                       Eustache-Hyacinthe Langlois ; L’Incendie de la cathédrale de Rouen, le 15 septembre 1822

 

À la différence de la solution retenue de nos jours pour la restauration de Notre-Dame de Paris, la flèche reconstruite à la suite de ce désastre n’est pas une réplique de celle que le feu a détruite : Jean-Antoine  Alavoine, l’architecte chargé du chantier, propose une solution audacieuse : doter le monument médiéval d’un couronnement néogothique en fonte de fer selon des procédés de construction récents, fruits de la révolution industrielle en cours.

Précurseur dans l’emploi d’une technique à laquelle Victor Baltard puis Gustave Eiffel auront plus tard recours, il assume ce parti de modernité : « Ne devons-nous pas utiliser les progrès de la science en en faisant l’application à des monuments qui appartiennent à l’histoire du pays ? »

 

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La disparition d’Alavoine, les craintes liées au poids du matériau, les polémiques suscitées par un parti de reconstruction que l’on dit inadapté à un monument historique font traîner le chantier en longueur. Il ne s’achèvera qu’en 1884, avec la pose des quatre clochetons d’angle conçus par le ferronnier rouennais Ferdinand Marrou. Lorsqu’en 1876, une croix surmontée d’un coq est posée au sommet de l’aiguille, la cathédrale de Rouen est pour quelques années le monument le plus haut du monde…

 

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                                                                        Atelier Gambier ; Maquette de la structure des clochetons 1880

 

La flèche désormais adoptée par l’opinion rouennaise inspire les artistes. Sa silhouette festonnée devient un motif emblématique de la cité, reproduit sur d’innombrables objets populaires. Elle sert de cadre à des exploits sportifs et se prête aux illuminations. L’observatoire astronomique imaginé par Alavoine dans le lanternon devient une attraction payante : jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les touristes y ont accès en gravissant les huit-cents marches de l’escalier. La flèche n’est qu’ébranlée par les bombardements de 1944 qui causent de terribles dommages à la cathédrale. Le 30 août, quand les troupes canadiennes entrent dans Rouen, un immense drapeau tricolore flotte à son sommet. D’autant plus saisissante qu’elle se dresse au milieu d’un paysage dévasté, la colossale aiguille de fer symbolise alors la résilience d’une ville martyre.

 

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Bien qu'elle ait été dépassée par la cathédrale de Cologne quelques années plus tard, la cathédrale de Rouen reste aujourd'hui la plus haute église de France.

 

Commissariat : Diederik Bakhuÿs conservateur du patrimoine au musée des Beaux-Arts de Rouen

Entrée libre et gratuite

Esplanade Marcel-Duchamp
Accès personnes à mobilité réduite : 26 bis, rue Jean-Lecanuet
02 76 30 39 18
publics4@musees-rouen-normandie.fr

Horaires :

Musée ouvert au public tous les jours de 14h à 18h sauf le mardi.