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Une saison dessin : XVI ème siècle à nos jours

8 Novembre 2018 - 11 Février 2019
Une saison dessin : XVI ème siècle à nos jours

Pratiques du dessin du XVI ème siècle à nos jours

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En raison de leur fragilité, les œuvres sur papier composent une partie peu visible des collections. Il est d’autant plus nécessaire de rappeler à Rouen la place capitale que le dessin tient dans la création artistique que la richesse de son cabinet d’arts graphiques fait du musée des Beaux-Arts un lieu de référence dans ce domaine.

La présentation d’une exposition consacrée aux dessins anciens du musée fournit l’occasion d’une proposition ambitieuse qui transcende les époques et confronte les approches, pour interroger sur le sens de cette association mystérieuse de l’œil et de la main à l’origine de tout travail graphique. C’est aussi l’occasion de tisser des liens avec de prestigieuses institutions patrimoniales : parallèlement à la rétrospective Jean-Jacques Lequeu (1757-1826), bâtisseur de fantasmes que le musée du Petit Palais à Paris consacre à cet architecte visionnaire, un partenariat exceptionnel noué avec la Bibliothèque nationale de France permet de présenter des œuvres inédites d’une figure encore méconnue des Lumières, née à Rouen au milieu du 18e siècle.

Enfin, afin de compléter cette vision d’ensemble du dessin à travers les siècles, le musée invite trois artistes contemporains : les dessinateurs Jérôme Zonder, Gilgian Gelzer et Sarkis, avec une proposition poétique évoquant à travers la vidéo et la photographie le pouvoir de la ligne.

 

L’ŒIL ET LA MAIN – CHEFS D’ŒUVRE DU DESSIN FRANÇAIS DES 16e ET 17e SIÈCLES

 

Après l’exposition Trésors de l’ombre. Chefs-d’œuvre du dessin français du 18e siècle (2013-2014), le musée poursuit la mise en valeur de ses collections d’arts graphiques, en s’attachant cette fois aux cent cinquante ans qui précèdent. Avec plus de huit mille dessins, le musée des Beaux-Arts abrite l’un des plus riches cabinets d’arts graphiques en dehors de Paris. Le 17e siècle français y tient une place centrale, moins par le nombre que par l’exceptionnelle qualité de certaines feuilles qui comptent parmi les plus précieuses de la collection. L’exposition en présente cent vingt, dont beaucoup n’ont jamais été montrées au public, tandis que le catalogue publie et reproduit l’intégralité du fonds français des16e et 17e siècles. Le musée abrite des chefs-d’œuvre de grands maîtres du dessin, comme Bellange, Callot, Vouet, La Hyre, Le Sueur ou Puget. Enrichi au fil du temps par des donateurs curieux et érudits, il a la chance de conserver aussi des feuilles rarissimes de dessinateurs encore très peu connus, comme Brandin, Mauperché, Le Pautre ou Francart. Quant à Boucher de Bourges, Plattemontagne, De Vuez, ou les Rouennais Saint-Igny et Jouvenet, ils y sont représentés par des ensembles importants où s’apprécient diverses facettes de leur œuvre.

 

L’exposition offre un panorama foisonnant sur l’art de la période, du règne d’Henri IV à celui du Roi Soleil. Dans un parcours qui rend compte des grandes évolutions stylistiques de l’époque – depuis le maniérisme jusqu’au grand style promu par Le Brun –, elle s’attache aussi à étudier certaines thématiques spécifiques : les dessins en lien avec l’art du portrait, le genre du paysage et la topographie ou les foyers régionaux de la France du Grand Siècle... Une dizaine de tableaux, ainsi que des livres illustrés et des estampes viennent rythmer et enrichir la présentation, en explicitant la place centrale que le dessin a occupée alors dans la création artistique. Dans le parcours même de l’exposition, un important accompagnement de médiation est proposé aux visiteurs, complété par des ateliers de pratique artistique : il permet de familiariser tous les publics aux différentes techniques graphiques pratiquées au 17e siècle. Il s’attache aussi à rendre sensible les usages très variés du dessin : celui-ci peut être l’instrument de base de la formation artistique, une pratique d’atelier visant à préparer l’exécution d’une peinture, d’une sculpture ou d’une estampe, ou bien une œuvre en soi, dessinée pour le plaisir de l’artiste et pour celui des amateurs.

 

Cette exposition bénéficie du mécénat de la société de Peintures 1825

 

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JEAN-JACQUES LEQUEU DANS LES COLLECTIONS DE LA BNF … ET AU MUSÉE DES BEAUX-ARTS

 

Né à Rouen en 1757, l’architecte Jean-Jacques Lequeu a laissé l’un des œuvres graphiques les plus singuliers de son temps. Élève remarqué de l’École gratuite de dessin de sa ville natale, il peut gagner Paris comme boursier. Il échoue cependant à s’intégrer dans les structures académiques de l’Ancien Régime, sans trouver non plus sa place dans la société nouvelle née de la Révolution. Ce visionnaire ombrageux et incompris entame alors un parcours solitaire qui ne trouvera presque jamais à s’exprimer dans une pratique concrète du métier d’architecte : il se traduira en revanche par l’exécution de centaines de dessins d’une originalité souvent sidérante. Dans ses projets de fabriques anglo-chinoises, ses compositions érotiques, ses portraits ou ses trompe-l’œil, l’artiste puise dans la culture des Lumières pour concevoir des images qui échappent en fait à toutes les normes de son temps. À l’occasion de la rétrospective que lui consacre le musée du Petit Palais, le partenariat noué avec la Bibliothèque nationale de France permet de présenter à Rouen une douzaine de feuilles, pour la plupart inédites, prêtées par une institution qui a eu la chance de recueillir l’essentiel de son œuvre. Elles sont présentées avec le Trompe-l’œil au papier bleu récemment acquis par le musée des Beaux-Arts.

 

En partenariat avec la Bibliothèque nationale de France

 

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GABRIEL MARTIN – D’AUTRES ÉNERVÉS DE JUMIÈGES

Né à Rouen, Gabriel Martin (1842-1922) a été, en 1869, le premier à traiter en peinture l’histoire des Énervés de Jumièges qu’une composition d’Évariste Luminais rendra fameuse quelques années plus tard. Le sujet met en scène des princes mérovingiens mutilés dont le radeau dérive sur la Seine jusqu’à l’abbaye de Jumièges. Propriété de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, la toile de Martin a été déposée au musée des Beaux-Arts en 2009, où elle a bénéficié d’une importante restauration. C’est pour saluer celle-ci qu’une descendante de l’artiste a offert en 2017 dix-huit dessins préparatoires en lien avec ce tableau, restaurés grâce à l’aide de la famille du peintre. Ouvrant la saison « L’Art du dessin » et parallèlement à la présentation des photographies qu’Annica Karlsson Rixon a conçues comme un écho contemporain aux Énervés de Luminais (Lumières Nordiques), cette exposition-dossier s’attache à faire ressurgir la figure d’un artiste rouennais tombé dans l’oubli : elle rapproche des œuvres que le musée abrite désormais de nombreuses pièces prêtées par ses descendants.

 

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LES DESSINS CONTEMPORAIN

 

JÉRÔME ZONDER

Né en 1974 et diplômé des Beaux-Arts de Paris, Jérôme Zonder se consacre exclusivement au dessin dans sa pratique artistique, et le renouvelle en virtuose. Dans l’accrochage proposé au musée des Beaux-Arts, le public découvrira Garance, un personnage omniprésent dans le travail de Zonder et qui pourtant n’existe pas : Garance n’est pas une femme, du moins pas une seule : c’est une construction de l’artiste, qui avait suivi son développement d’adolescente, et la suit maintenant dans sa vie de jeune femme, personnage composite se faisant l’écho des questionnements – notamment féministes – actuels. Garance se métamorphose en permanence et prend les traits de célébrités ou d’inconnues. Au fusain et crayon graphite, parfois en apposant directement ses empreintes sur le papier, Jérôme Zonder réinvente le portrait.

 

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GILGIAN GELZER

Gilgian Gelzer est né en 1951 à Berne, en Suisse. Il vit et travaille à Paris. Depuis les années 1980, il appuie sa pratique du dessin sur l’une de ses composantes essentielles : la ligne. Il déploie devant le spectateur un réseau complexe de lignes d’une grande force d’abstraction, qui se suffit à lui-même et ne renvoie jamais à quoi que ce soit d’autre. Ni calligraphie, ni geste automatique, la ligne de Gilgian Gelzer est énergie, incarnation du mouvement du corps. À travers des formats parfois très grands, ce qui est assez rare pour un travail sur papier, l’artiste développe un langage ouvert et libre. Il renouvelle la perception du dessin avec ses lignes tracées au graphite et aux crayons de couleur, des lignes contour ou réseau, des lignes frontière qui séparent ou des lignes liens qui rassemblent... Sous son crayon, un espace se construit, parfois saturé avec des lignes très denses, parfois plus lâche. On se perd tantôt dans l’enchevêtrement de lignes, ou l’on se prend à suivre du regard une ligne qui chemine et s’égare. Tout est affaire de rythme

 

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SARKIS

Né en 1938 à Istanbul, Sarkis explore depuis le début de sa carrière dans les années 1960 de nombreuses techniques, de la peinture à la vidéo et à l’installation. Dans le cadre de la saison dessin ne sont justement pas présentés des dessins à proprement parler, mais des travaux de l’artiste qui y font écho à travers un jeu sur la ligne, la couleur et la mémoire. Dans les trois propositions montrées au musée, la ligne n’est toujours que transitoire, en cours d’effacement à peine tracée. Dans les vidéos, avec une grande économie de moyens, des gestes et une mise en scène très sobres, Sarkis donne à voir la diffusion de la couleur dans l’eau. Prenant pour modèle une œuvre célèbre, par exemple Le Cride Munch (1893) et une danseuse de l’artiste japonais Hokusai, il laisse un simple trait de couleur dans l’eau prendre vie et évoquer le dessin se trouvant à proximité.La série de photographies immortalisant des dessins de l’artiste sur des ardoises magiques, les Dessins disparus, prolonge la réflexion sur les notions d’effacement et de mémoire.

 

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Evénement gratuit pour tous

MUSÉE DES BEAUX-ARTS

Esplanade Marcel-Duchamp 76000 Rouen

Tél. : 02 35 71 28 40

Exposition ouverte tous les jours de 10h à 18h.

Fermé les mardis, 25 décembre, 1er janvier et 1er mai

 

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