Inventé par les Frères Lumière, l’autochrome est le premier procédé photographique en couleurs commercialisé. Dès sa mise sur le marché en 1907, il connaît un succès immédiat auprès des photographes amateurs et professionnels. C’est le support photographique utilisé par Albert Kahn pour ses Archives de la planète, premier reportage global du monde en couleurs. Parmi les premiers adeptes se distingue une personnalité singulière. Antonin Personnaz (1854-1936) est en effet l’un des plus importants collectionneurs de l’impressionnisme, et fait partie des grands bienfaiteurs des musées nationaux. Son legs de 1937 comporte 142 œuvres de premier ordre (Pissarro, Guillaumin, Sisley, Degas, Renoir, Toulouse-Lautrec…), dont le célèbre Pont d’Argenteuil de Monet, qui figurent aujourd’hui parmi les chefs-d’œuvre présentés au Musée d’Orsay et au Musée Bonnat-Helleu. Moins connue est sa qualité de membre actif de la Société française de photographie (dès 1896) et de la Société d'excursions des amateurs de photographie (à partir de 1900). À ce titre, il est à l’origine d’une distinction décernée aux Frères Lumière pour l'invention de la plaque autochrome, dont le rendu granuleux et pointilliste lui semble rejoindre les recherches des peintres impressionnistes, et dont il défend avec ardeur les qualités esthétiques. À partir de 1907, Antonin Personnaz pratique assidûment l’autochromie lui-même et réalise plus d’un millier de plaques, dont sa veuve a fait don à la Société française de photographie. Malgré son intérêt pour l’histoire de l’impressionnisme, cette collection a été très peu étudiée et montrée. Or, du fait de sa proximité avec les artistes, l’œuvre photographique de Personnaz présente un intérêt exceptionnel.
Antonin Personnaz, Usines, Rivière, Péniches, Entre 1907 et 1936. Société française de photographies, Paris
On y retrouve en effet non seulement des témoignages directs de peintres travaillant sur le motif, mais aussi de très nombreuses vues dont la parenté avec les plus célèbres paysages impressionnistes est flagrante. Vues de rivières, parties de campagne, paysages enneigés, scènes paysannes, femmes à l’ombrelle, pommiers fleuris, coquelicots, tout le vocabulaire impressionniste s’y retrouve. Il semble que Personnaz se porte sur les sites élus par les peintres et, en les photographiant, compose en miroir une sorte de collection d’images impressionniste personnelle. Cette exposition inédite, réalisée en partenariat avec la Société française de photographie, constituera la toute première étude et publication consacrées à Antonin Personnaz. Elle présentera un corpus d’images restituant l’imaginaire pictorialiste de l’auteur, avec un réalisme saisissant pour le visiteur d’aujourd’hui.
Pour plus d'information : https://impressionnisme-musees-metropolitains.fr/fr