Charles-Antoine Callamard
(1769 - 1821) | 988.5.1
Date : Fin XVIIIe | Technique : Terre cuite
La carrière officielle de Charles Antoine Callamard a été courte, débutant en 1805 à son retour de Rome après avoir été lauréat du Prix de Rome en 1792, rétabli seulement en 1797, et après avoir attendu 1803 pour partir en Italie. Entre 1805 et 1815 seulement il participa aux grandes commandes officielles de l’Empire, dont l’Arc du Carrousel du Louvre. Un doute sur son patriotisme à l’époque ajouta peut-être aux causes d’un oubli rapide. Retrouvant son nom dans un cimetière, le grand sculpteur David d’Angers écrit quelques vingt ans après sa mort : « Mon cœur s’émeut au souvenir de cet artiste presqu’oublié maintenant et ce simple nom me fit une impression plus profonde que la pompe des plus vaniteuses épitaphes ». Car Callamard, élève de Pajou dès l’âge de dix-huit ans, était doué et il épousera le style néo-classique de son époque avec une maîtrise assurée et une précocité remarquable. C’est à l’âge de vingt-cinq ou vingt-six ans qu’il réalise cette sculpture en terre cuite alors qu’il est à Rouen, peut-être pour échapper à la conscription. Si on a pu mettre en doute son sens civique dans ses actes, il serait difficile de le faire dans ses œuvres et particulièrement dans celle-ci.
Cette figure allégorique de La Liberté écrasant le Despotisme adopte une position hiératique voire rigide qui inspire toute la solennité du symbole représenté : le peuple — au bonnet phrygien — piétine les attributs du despotisme (le joug, le sceptre et la couronne). Rigueur soulignée par les deux grandes verticales du pique et du faisceau de licteur que la Liberté tient de part et d’autre de sa personne.
Mais Callamard nous montre surtout ici une vision toute personnelle et originale du néoclassicisme en sculpture. Il y a une énergie, une rudesse qui inspire l’admiration, quelque chose de brutal dans le dessin extrêmement ferme du corps de cette femme dont chaque membre, colossal, inspire une solidité et une puissance qui se veut éternelle. Mais si le haut du corps de la figure est hiératique et empreint d’une stabilité soulignée par la position appuyée des deux bras, le balancement souple des jambes semble vouloir élancer la Liberté vers le ciel. Et le jeu subtil de l’alternance de plages lisses et de plages creusées de plis apporte une unité harmonieuse à l’ensemble tout en adoucissant le canon massif de la figure.