Paul Delaroche
(1797 - 1856) | 982.6.1
Date : 1824 | Technique : Huile sur toile
Le salon de 1824 marque la naissance officielle de la peinture romantique, quelques mois seulement après la mort de Géricault. À côté des peintures de Delacroix, Scheffer, Schnetz et Horace Vernet, la Jeanne d’Arc malade de Delaroche y est particulièrement célébrée pour sa composition s’inspirant du Paul III et ses neveux de Titien, son clair-obscur marqué et sa couleur « digne du pinceau de Véronèse ». Et surtout cette peinture semble tout droit sortie d’un conte de Lord Byron : il y a le sens du drame – Jeanne d’Arc interrogée par son persécuteur –, le grandiose de la posture du cardinal de Winchester (qui en réalité n’a jamais visité Jeanne d’Arc en prison) et un appel direct à l’émotion dans cette confrontation entre la figure imposante du cardinal et celle, toute éplorée, de la jeune sainte.
Mais il y a plus. Paul Delaroche sait dégager de la dure réalité la simplicité toute nue d’une idée transcendante donnant à ses tableaux une fraîcheur comparable aux plus belles pages de Victor Hugo. Ici c’est la fragilité humaine aidée par le Ciel qui triomphe face au poids de la puissance terrestre : Jeanne d’Arc, malade, frêle et apeurée, parce qu’elle reste reliée au Ciel, est en train de triompher malgré tout de la puissance religieuse lourde du poids de ses péchés, dont le geste accusateur est pointé vers le sol et non vers le ciel.