Théodore Géricault
(1791 - 1824) | 901.3.1
Date : Vers 1814 | Technique : Huile sur toile
Acquis à la vente Antoine Vollon, 1901
Le carabinier porte la cuirasse double en acier recouvert d’une feuille de laiton propre à son régiment d’élite de la cavalerie française sous l’Empire. Sous cet armement défensif tenu par deux épaulières et une ceinture, l’habit blanc au collet bleu céleste passepoilé de blanc et l’épaulette de fil d’argent et d’écarlate indiquent qu’il appartient au premier des deux régiments de carabiniers et qu’il a rang de sous-officier. Les carabiniers avaient pour armes un sabre, dont la monture particulière présentait sur la coquille une grenade, insigne du soldat d’élite, un pistolet et un mousqueton.
Théodore Géricault inscrit ce portrait dans la suite des portraits militaires en vogue à l’époque impériale, chez les maîtres qui l’ont formé (Vernet, Guérin) ou qu'il a admirés (Gros). Mais il le peint à la fin de l’Empire, vers 1813-1814 : avec l’abdication de Napoléon et l’avènement de Louis XVIII, la gloire militaire est passée. C’est pourquoi le carabinier, sans armes, a mis pied à terre devant un cheval qui n’est qu’une ombre noire et close, bel homme au regard sombre, à la moue agressive et au front lumineux, habillé de métal aux reflets froids. L’insistante domination du regard a fait penser que Géricault a mis une part d’autoportrait dans cette figure… Le jeune Delacroix, découvrant l’œuvre dans l’atelier du peintre en 1823, s’exclame simplement : « Une étude de tête de carabinier. S’en souvenir. Quelle fermeté. » (Journal, 1823).