Louis Boulanger
(1806 - 1867) | 835.3
Date : 1827 | Technique : Huile sur toile
Mazeppa est un héros semi légendaire ukrainien, page à la cour du roi de Pologne dans la seconde moitié du XVIIe siècle, d’une grande sagacité et d’une grande beauté, qui parcourt l’Europe en quête d’aventure. Il inspire à Lord Byron un roman publié en 1818, qui sera une source féconde pour les artistes de la veine romantique, à commencer par Théodore Géricault qui le premier s’inspire du thème ; Victor Hugo également dans ses Orientales, poème qu’il dédie au jeune peintre Louis Boulanger.
Aujourd’hui encore peu connu, Boulanger connaît pourtant un grand succès dès l’âge de vingt et un ans en reprenant l’épisode du Supplice de Mazeppa dans une vaste composition de plus de cinq mètres de haut.
Un comte palatin découvre que le jeune homme a une intrigue amoureuse avec sa femme. Il le condamne à être attaché nu à un cheval et renvoyé ainsi en Ukraine, son pays natal. Lord Byron écrit : «Dans un accès de fureur je [Mazeppa] tordis ma tête et je brisai la corde qui liait mon cou à la crinière du cheval, et relevant mon corps à demi je leur lançai par des cris ma malédiction ». Par ce geste le héros annonce sa vengeance et le jour où « il ne reste[ra] pas une porte du château de ce comte, pas une pierre de ses fortifications, de ses créneaux, de ses barrières (…)».
Une grande force se dégage de cette peinture qui sait traduire le souffle du texte de Lord Byron avec une grande justesse : le jeu d’un fort clair-obscur jouant entre la pâleur du corps du jeune page et l’obscurité environnante, pour décrire la scène « au point du jour » ; les couleurs vives, la touche largement brossée, avec vigueur, pour traduire la violence générale de la scène, en particulier la terreur du cheval, prêt à partir au galop dans sa course effrénée ; le contraste entre la scène principale du supplice et la petite scène au-dessus, avec le comte et sa cour qui semblent se parodier eux-mêmes, suggère la victoire annoncée du héros.