Joseph-Ferdinand Boissard de Boisdenier
(1813 - 1866) | 853.3
Date : 1835 | Technique : Huile sur toile
Musicien, poète, écrivain et peintre, Joseph-Ferdinand Boissard de Boisdenier appartient à cette génération d’après-guerre suivant les guerres napoléoniennes, animée d’une soif de vivre qui s’exprima dans ce courant dit romantique des années 1820 et 1830. Élève de Gros, Boissard en a la précocité : l’Épisode de la retraite de Moscou qu’il expose au salon de 1835 eu déjà un immense succès et on dit alors que ce tableau est « presque supérieur en intensité dramatique » à ceux de son maître.
En prenant le sujet terrible de la débâcle des troupes françaises lors de la retraite de Russie en 1812, Boissard montre un sens profond du réalisme qui rappelle l’art de Géricault. Le peintre se concentre sur un élément du drame pour montrer l’ensemble. Le coloris a un caractère tragique avec un rouge criant, des tons de bruns, d’ocre, de terre tristes et un blanc hivernal. Et toute l’horreur de la guerre est perceptible dans les visages, ceux de deux soldats – un dragon de la garde impériale et un hussard – qui sont abandonnés par le reste de l’armée qui continue sa marche au loin. Ils sont seuls, la neige s’immisce dans leurs habits et malgré la différence de rang, la solidarité humaine joue ici son rôle au seuil de la mort. L’un contre l’autre, ils vivent pourtant chacun leur drame personnel : le premier semble s’endormir doucement dans la nuit tandis que le second est déjà mort, gelé, à moins qu’il soit juste en train de s’immobiliser pour l’éternité.