Nicolas Baudesson
(1611 - 1680) | 907.1.61
Date : Vers 1650 | Technique : Huile sur toile
Nicolas Baudesson a vécu suffisamment longtemps pour connaître deux générations de peintres de fleurs en France : celle des natures mortes inspirées de l'art flamand qui cherchaient à imiter de très près la nature à l'image des œuvres de David de Heem et celle ensuite qui semble avoir été influencé aussi par l'art italien plus théâtral (le grand représentant de cet art décoratif en France étant Jean-Baptiste Monnoyer).
Le tableau du musée de Rouen est un bon exemple de cet art de transition en France autour de 1650. À cette époque Baudesson est en Italie où il restera près de vingt-cinq ans jusqu'en 1666. Peut-être a-t-il donc peint cette œuvre à son retour en France.
Il y a en effet un effet de mise en scène dans la recherche de l'équilibre des couleurs disposées en camaïeu de bleu et de rose, subtilement entremêlées, dans le jeu des courbes des tiges qui évoluent avec grâce et dans le beau vase de cristal décrit de manière sobre mais élégante. Et le côté sombre des couleurs et du fond rappelle les peintures italiennes de fleurs contemporaines comme celles de Porporo.
Ceci dit restent encore des marques de l'art humble qui caractérise les peintres de la nature morte française dans la première moitié du XVIIe siècle : la disposition des fleurs de façon équilibrée et clairsemée, l'absence de recherche de virtuosité dans la représentation et la sobriété du décor sont autant de caractéristiques de l'école française des années 1630-1640, notamment de l'art de Jacques Linard. Reste également de l'art flamand ce langage symbolique qui deviendra un langage plus de convention quand la peinture de fleurs deviendra uniquement décorative au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle. Les fleurs qui composent ce bouquet pourraient être des références symboliques au jeu de l'amour : la joie de l'amour (lys jaune, pivoine blanche), dahlia rose (promesse de bonheur), myosotis (inquiétude de ne pas être aimé) et œillet mélangé (frivolité d'une aventure). Il pourrait s'agir d'une vanité dont le langage est centré sur cette dernière fleur qui trône au centre de la composition.