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Andromaque

Georges-Antoine Rochegrosse

(1859 - 1938) | D.884.1

Date : Vers 1883 | Technique : Huile sur toile

Le sujet de ce tableau de Rochegrosse est le sacrifice d’Astyanax, le fils d’Andromaque, femme d’Hector, à la fin de la Guerre de Troie. Astyanax est arraché aux bras de sa mère pour être précipité du haut des remparts de Troie par Ulysse, le héros grec.

Georges-Antoine Rochegrosse n’a que vingt-quatre ans à peine lorsqu’il peint cet immense tableau qu’il envoie au Salon de 1883. Il y obtient une médaille et sa peinture est achetée par l’État.

Pourtant voilà une œuvre bien surprenante où les atrocités de la guerre sont dépeintes avec un violence crue — têtes coupées, traînées de sang, corps sans vie étendus à terre ou suspendus à la muraille — en même temps qu’un érotisme avoué – poitrine gonflée d’Andromaque, belle nudité féminine du premier plan.

Mais ce qui choque au premier abord participe de la puissance de l’œuvre qui se déploie aussi bien dans sa conception que dans sa facture. D’abord le tableau est structuré de façon simple, forte et dynamique par une grande diagonale ascendante dirigée par le bras d’Andromaque et la rambarde de l’escalier qui aboutissent en haut au personnage sombre d’Ulysse assassin. Ensuite la force de cette peinture réside dans le réalisme extrême des détails : les éléments archéologiques sont rendus ici de façon convaincante, de la croix gammée peinte, symbole de la Grèce ancienne, aux costumes des guerriers en passant par les murailles de la ville de Troie, à une époque de redécouverte archéologique de la Grèce antique à la fin du XIXe siècle. Le peintre a sans doute aussi directement tiré de la réalité la figure d’Andromaque en la personne de Marie Leblond, sa femme et sa muse, dont la beauté était admirée de tout Paris et qui reviendra souvent dans les tableaux de Rochegrosse.