Ce petit panneau de dévotion privée n’a été que récemment attribué à Giovanni di Lorenzo Larciani, peintre florentin maniériste du début du XVIe siècle. L’œuvre du peintre était pourtant déjà connue sous le nom de celle du « maître de Kress », nom de la collection qui possède trois paysages de sa main à Washington. Mais on a retrouvé seulement au milieu des années 1990 plusieurs contrats mentionnant son nom pour une Nativité de la petite ville de Fucecchio à l’ouest de Florence. Dans le tableau de Rouen comme dans ce dernier retable, on reconnaît le type des figures un peu bouffies, les drapés en forme de vagues, les couleurs acides et cette sorte d’effondrement des formes caractéristique.

Contemporain d’autres peintres maniéristes florentins comme Andrea del Sarto ou Franciabigio, Larciani a pourtant longtemps été oublié et n’est pas même mentionné par le grand historien de l’art italien du XVIe siècle Giorgio Vasari. C’est que Larciani faisait très certainement parti de l’atelier de Granacci, à qui il emprunte souvent des figures.

Larciani était de dix ans plus jeune que Granacci ou encore que Fra Bartolomeo, deux artistes avec qui il a pu être confondu. Mais son style non seulement est reconnaissable mais inventif. Son écriture nerveuse voire bizarre, sa palette de couleurs vibrantes et son « impasto » sensuel sont autant de trouvailles dans ce travail de recherche de plus en plus exubérant que les artistes florentins ont mené dans les années 1520 après la mort du grand Raphaël et qui semblent annoncer celles de Pontormo et Rosso Fiorentino.