Alfred Agache
(1843 - 1915) | D.889.2
Date : 1888 | Technique : Huile sur toile
Le titre de l’œuvre, Ênigme, est explicite : le tableau lui-même est cette énigme. Au salon de 1888 où il est présenté, il est accompagné d’un cartel reproduisant un poème d’Edmond Haraucourt (1856-1941) dont l’élégant hermétisme trouve ici sa parfaite traduction : « Prêtresse de l’énigme et fille du mystère / Je garde sous le ciel les secrets qu’il veut faire / Et je sais l’avenir comme un fait accompli. / Mais j’ai fermé mon âme austère / Dans l’orgueil du silence et la paix de l’oubli. ».
La modernité du modelé énergique de cette toile nous frappe encore aujourd’hui ; les plans sont largement brossés et articulés de façon anguleuse. Les contrastes de lumière et de couleurs y sont portés à leur paroxysme. Les éléments iconographiques y sont rares et choisis à dessein, qu’il s’agisse du motif égyptien peint sur le mur ou de ces admirables fleurs de pavot géantes, dont le rouge sang tranche sur l’orangé du fond.
Cette femme mystérieuse pourrait être une Parque, sujet cher à Agache, ou bien Isis comme le suggère le hiéroglyphe du fond, ou encore un archétype de la femme fatale. En tout cas cette fleur de l’oubli jetée sur les marches, ce masque que la femme vient d’ôter, tout le décor de la scène fait de cette composition une image dont la force dépasse tout ce que le symbolisme « fin de siècle » du sujet pouvait avoir de maniéré.