Pierre Puget
(1620 - 1694) | 884.12.1
Date : 1659-1660 | Technique : Pierre
Sculpté pour le château du Vaudreuil vers 1658 ; déplacé à La Londe et brisé à la Révolution ; pièces retrouvées enterrées en 1883 ; don abbé de La Balle, chanoine Porée, Gaston Le Breton, 1884
Cette œuvre avait disparu depuis près de cent ans quand un paysan en retrouva les morceaux;à demi enterrés dans un champ proche du château de La Londe (Seine Maritime) détruit en 1793. Le rapprochement fut fait avec une œuvre de Puget que des chroniqueurs et des sculpteurs du XVIIIe siècle et plus récemment un conte du marquis de Chennevières-Pointel, publié en 1848 dans la Revue de Rouen, « Suzanne ou la terre normande », évoquaient non loin de là, au château de Vaudreuil. Des sculptures, Puget en avait bien réalisées, pour l’entrée du château, propriété de Claude de Girardin, secrétaire d’Etat pour le Languedoc et ami du surintendant Nicolas Fouquet : Hercule terrassant l’Hydre de Lerne et Cérès couronnant Janus. Le seigneur de Lalonde s’était emparé de l’Hercule à la Révolution, alors que le second groupe, plus fragile, avait déjà disparu…
Les groupes du Vaudreuil sont pour Puget ses premières sculptures indépendantes. Il s’était illustré par les atlantes de l'Hôtel de Ville de Toulon (1656-57) et s’était formé en Italie (Florence et Gênes). Son Hercule au torse déployé garde une solidité d’atlante. Avec une fureur concentrée il arme, de l’épaule, un geste implacable, que relaie le tournoiement de la peau de lion, pour porter le coup fatal à l’hydre convulsée. La leçon de Michel-Ange et une violence baroque s’allient à la discipline classique.
Dans le climat intellectuel de l’époque, où s’élabore l’art louis-quatorzien, Hercule représente la vertu par excellence : la chaire de l’église de Sainte-Foy la Neuve, en 1660, repose elle aussi sur les épaules d’un Hercule écrasant l’hydre. À l’entrée du château du Vaudreuil, la Cérès couronnant Janus gardait avec lui la demeure : leur association signifiait que le héros qui triomphe du mal reçoit les bienfaits de la paix. Enfin, Hercule, héros solaire, qui concentre en lui les vertus, est une image classique du roi qu’un émule de Fouquet ne pouvait ignorer…