Pierre-Paul Rubens
(1577 - 1640) | 803.6
Date : Vers 1615 | Technique : Huile sur toile
Après une formation auprès du peintre maniériste Otto Venius et un séjour de huit ans en Italie de 1600 à 1608, Rubens ouvre un atelier à Anvers en 1609. La ville vient d’être reconquise sur les protestants et les commandes affluent des divers ordres religieux.
Le succès des sujets religieux de Rubens se propagera bien au-delà d’Anvers, grâce à un atelier à l’immense capacité de production (on recense environ 2300 tableaux de Rubens et son atelier).
L’adoration des Bergers de Rouen, achetée par les Capucins d’Aix-la Chapelle, date de 1615-1620 environ. Elle est un bon exemple de commande répondant aux attentes de l’époque.
Rubens y est en effet très proche des recommandations des penseurs de la Contre-Réforme : une composition claire, centrée sur le rôle de Marie, qui intercède pour les fidèles auprès de Dieu, et sur celui du Christ, rédempteur du monde.
L’art de Rubens, par sa synthèse entre le réalisme flamand et le lyrisme italien, en traduisant à la fois la saveur rustique du quotidien et la chaleur des sentiments humains, est bien fait pour attirer le fidèle vers la religion.
Le caractère ici très rustique du berger tenant son chapeau à la main et le choix du thème de la Vierge allaitant, très rare dans l’œuvre de Rubens (il se retrouve également dans l’Adoration des Bergers de la cathédrale de Soissons) sont sans doute prompts à séduire le fidèle. De plus, cette figure de bergère faisant l’offrande d’oeufs à l’Enfant Jésus - principale originalité du tableau de Rouen parmi les nombreuses Adorations des Bergers - est un symbole compréhensible de la naissance du Christ, promesse de rédemption divine, en même tant qu’une allusion à la trinité par les trois oeufs déjà déposés sur la paille.