Claude Monet
(1840 - 1926) | 909.32
Date : 1894 | Technique : Huile sur toile
La série des Cathédrales de Rouen ne compte pas moins de vingt-huit vues du portail occidental à différents moments de la journée. L’ensemble est peint entre 1892 et 1893 et post-daté de 1894. Vingt de ces toiles sont présentées en 1895 chez le marchand Durand-Ruel où elles suscitent l’admiration de Degas, Cézanne, Pissarro et Renoir.
Dans son célèbre article « Révolution de cathédrale » paru dans La Justice le 20 mai 1895, Clemenceau analyse ainsi l’entreprise : « Aussi longtemps que le soleil sera sur elle, il y aura autant de manières d’être de la cathédrale de Rouen que l’homme pourra faire de divisions dans le temps. L’œil parfait les distinguerait toutes, puisqu’elles se résument à des vibrations perceptibles même pour notre actuelle rétine. L’œil de Monet précurseur nous devance et nous guide dans l’évolution visuelle qui nous rend plus pénétrante et plus subtile notre perception du monde. »
Cette vue du portail de la cathédrale de Rouen est une de celles peintes depuis le magasin de nouveautés Mauquit au 81 de la rue Grand-Pont. Il est impossible cependant d’y déterminer avec précision le moment de la journée retenu ; seules les variations qu’apportent à la perception visuelle par temps de brume les particules d’eau qui saturent l’atmosphère retiennent l’attention de l’artiste. La lourdeur propre au climat rouennais pose un voile sur l’édifice, restitué dans un camaïeu de gris et de bleus que la touche orange du cadran vient réchauffer de la seule note franche de la composition. C’est dans cette toile que les lignes verticales qui animent l’architecture surgissent avec le plus de netteté : peut-être est-ce là une des raisons qui décident François Depeaux pour la choisir en 1895 pour sa collection.