Michelangelo Merisi da Caravaggio
(1571 - 1610) | 955.8.1
Date : Vers 1606
C’est à un achat très inspiré et relativement récent (1955) que le musée de Rouen doit l’un de ses plus grands chefs-d’oeuvre. Cette Flagellation du Christ aux personnages réduits en nombre, cadrés de près, saisis dans l'ombre mais sculptés par une lumière de soupirail qui tombe de haut et accuse les formes, est caractéristique du Caravage. La lumière frappe le geste des bourreaux en produisant un effet cinétique et donne au Christ, athlète déshabillé, un surcroît de présence physique. L’allure populaire des bourreaux, qui semblent plutôt de malheureuses victimes, la brutalité de leurs gestes, la recomposition des formes par la lumière et la physionomie éreintée du Christ, sont ancrées dans la réalité concrète. Mais le manteau rouge, jeté, rappelle la royauté déchue, le périzonium blanc, le linceul, tandis qu’à côté de Jésus, au corps musclé intact, totalement épargné, la colonne qui monte vers le ciel, a des marbrures semblables à des plaies. L’œuvre fut peinte en 1606-1607, à la fin du séjour romain, ou juste après la fuite à Naples de l'artiste provocateur. Cette approche directe, intense et repensée d’une scène donnée, deviendra un modèle et une référence pour des artistes de toutes nations (France, Flandres, Espagne) venus séjourner en Italie.