Claude Monet
(1840 - 1926) | 909.1.33
Date : 1894 | Technique : Huile sur toile
La Seine à Port-Villez manifeste un changement profond qui s’opère tant la technique que dans l’approche de la réalité de Claude Monet. Plus que jamais attentif aux brumes qui nimbent les bords de la Seine et métamorphosent le jeu des reflets, il abandonne la texture granuleuse des cathédrales et adopte désormais une touche unifiée donnant une matière homogène qui s’affine jusqu’à laisser apparaître la toile. L’artiste reste fidèle à sa palette, du bleu pur des collines, qui s’irise de notes jaunes et saumon au niveau des berges et de leur reflet, au vert bleuté des feuillages éclairés de pointes d’ocre ; elle se module ici de nuances laiteuses qui donnent une tonalité d’ensemble vert amande. De plus les lignes sont maintenant dissoutes et les limites du réel semblent abolies.
Cette nouvelle approche du motif doit peut-être aux échanges de l’artiste avec Mallarmé. Pour ce dernier également la réalité ne peut que se laisser entrevoir par une somme d’impressions sensibles, approximatives et transitoires.
Ainsi les paysages brumeux des années 1890 comme celui du musée de Rouen, peint non loin de Giverny, marquent une étape décisive avant l’aventure des Nymphéas, celle d’un abandon de la représentation naturaliste pour une vision de l’au-delà du réel.