Réalisée dans une gamme chromatique limitée, cette composition traduit la maîtrise de l'artiste où le geste exécute parfaitement la pensée créatrice. Le format en hauteur du tableau lui permet de mettre en relation le ciel et les reflets de l'eau dont seule la touche, plus arrondie dans le ciel, plus allongée et effilée dans l'eau, empêche la confusion du regard et la parfaite lisibilité du paysage.

Ce tableau est l'une des cinq toiles que Georges de Bellio (1828-(1894), médecin et mécène de l'artiste d'origine roumaine, acheta à Monet en 1879. Il passa ensuite dans la collection de sa fille et de son gendre, Ernest Donop de Monchy où il demeura au moins jusqu'en 1940 où il est prêté à l'exposition Centenaire Monet-Rodin, organisée à l'Orangerie des Tuileries au profit de l'Entraide des artistes. Il sortit de la collection à une date et dans des circonstances inconnues.

On sait qu'il est ensuite acheté à Raphaël Gérard, marchand très actif sous l'Occupation, par une marchande de Munich, Maria Almas Dietrich pour 430 000 francs le 31 octobre 1941. Après la guerre, Gérard devait déclarer qu'il avait acquis le tableau de « Mottart » en 1941, sans qu'il soit possible de corroborer son affirmation.

Sans doute au moment des bombardements alliés, le tableau, sous le titre Paysage avec un lac avait été mis à l'abri chez un certain Dr. Feuchtmayer à Murnau (il porte le n° Murnau 3) où il a été retrouvé puis transféré au Collecting Point de Munich où il est enregistré le 8 février 1946. Il est renvoyé en France le 30 octobre 1946.

Retenu par la 4^e Commission de choix du 21 décembre 1949 et attribué au Louvre, le tableau est mis en dépôt au musée de Rouen par arrêté du 29 janvier 1954.

Thierry Bajou

Bibliographie :

• Cat. exp. À l'apogée de l'Impressionnisme ; la collection Georges de Bellio, Paris, Musée Marmottan, 10 octobre 2007 - 3 février 2008, p. 66, n° 23.
• Daniel Wildenstein, Monet : catalogue raisonné, Paris, Institut Wildenstein, 1974, vol. II, p. 210, n° 537.

Pour plus d'informations : https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/mnr/MNR00205

Œuvre récupérée à la fin de la Seconde Guerre mondiale, attribuée en 1950 au musée du Louvre, déposée en 1954 au musée de Rouen, confiée à la garde du musée d’Orsay en 1986. La provenance fait apparaître que l’œuvre n’est probablement pas spoliée.