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Le Bain de Diane

François Clouet

(vers 1510 - 1572) | 846.1.1

Date : Vers 1565 | Technique : Huile sur bois

 

Peut-être peint pour Claude Gouffier, Grand écuyer de France (1501 - 1570)

Ce bain de Diane cache une énigme : que deux satyres courtisent la déesse de la chasteté à sa toilette au fond des bois avec ses nymphes, est contraire à la vérité mythologique. Son auteur, François Clouet, peintre de la cour de France, montre en réalité ici en langage crypté les plus hauts personnages de cette cour.

La nymphe assise au linge noir est Catherine de Médicis, en deuil de la mort d’Henri II (1559). La déesse au croissant et parée de bijoux est Diane de Poitiers, maîtresse d’Henri II qui portait ses couleurs (blanc et noir) dans le tournoi fatal. La nymphe qui tient le voile nuptial antique (couleur flamme) au dessus de la pourpre royale et devant l’iris-lys de France, est Marie Stuart, épouse de François II (1559-1560), nouvelle des Diane mariée par l’entremise de ses oncles les Guise ; la fleur de chardon, emblème Stuart, le confirme au premier plan tandis que le lierre, qui couronne un des deux satyres, le désigne comme le cardinal de Guise-Lorraine.

Dans ce contexte, le second satyre est son frère François (1519-1563), le militaire, qui claironne victoire. Quant au cavalier au sceptre fleurdelisé, la curée du cerf, au fond, présage du sort qui l’attend : nouvel Actéon condamné par Diane, est-il François II, qui régna un an, ou Henri II, victime de sa Diane ?

Cette peinture accuse donc à la fois la favorite, Diane de Poitiers, cause de mort, et les Guise, suppôts du parti catholique qui déchire la cour. Ces clefs, de portée politique, indiquent que l’œuvre a été commandée dans les hautes sphères de cette cour, du côté des Protestants.

Les nus féminins stylisés, qui composent un bouquet glacé dans un ample paysage, montrent la dette de Clouet envers l’école de Fontainebleau.