Claude Monet
(1840 - 1926) | D.954.5
Date : Vers 1861 | Technique : Huile sur toile
Cette nature morte, peinte vers 1861, est une des plus anciennes œuvres conservées de Claude Monet. Dans ses premières années le jeune artiste s’intéresse en effet tout spécialement à ce genre qu’il poursuivra par la suite, sans toutefois y prêter un intérêt particulier.
Ce tableau doit être mis en rapport avec le superbe Trophée de chasse (Paris, Musée d’Orsay), daté de 1862, où Monet se révèle très marqué par son aîné Troyon, pour qui il ne cache pas son admiration lors du Salon de 1859 ; l’œuvre est aussi largement influencée dans sa composition par les grandes natures mortes de Chardin, Le Chien courant ou Le Buffet.
Le tableau de Rouen est certes d’ambition plus modeste mais le grand rideau vert foncé que Monet utilise en fond et le rebord sculpté de la table au premier plan appartiennent au même répertoire décoratif. On retrouve d’ailleurs dans notre tableau la corne à poudre avec son cordon vert tel qu’elle apparaît dans le Trophée de chasse. Cette importance donnée à l’accessoire révèle un goût pour le pittoresque que l’on remarquait chez Rousseau, mais dont Monet se libérera très vite pour aborder des sujets moins faciles comme le Quartier de viande (Paris, Musée d’Orsay) qui est un vrai morceau de peinture dans la lignée du Bœuf écorché de Rembrandt.
Le jeune artiste révèle son talent naissant dans le somptueux traitement du plumage du faisan. La technique est libre et fougueuse, la touche rapide laisse apparaître la toile par endroits ce qui suggère le volume du jabot et le soyeux des plumes.