Hippolyte Bellangé
(1800 - 1866) | 902.2
Date : 1838 | Technique : Huile sur toile
Plusieurs conservateurs du musée des Beaux-Arts de Rouen furent également des peintres de talent. C’est le cas d’Edmond Lebel, de Joseph-Désirée Court et d’Hippolyte Bellangé. Déjà fort célèbre en 1837 — il reçoit en 1835 la Légion d’Honneur pour son tableau Le retour de Napoléon de l’Ile d’Elbe — Hippolyte Bellangé devient conservateur du musée des Beaux-Arts de Rouen et le restera jusqu’en 1853. Le peintre est injustement oublié de nos jours. Cet élève de Gros dès l’âge de seize ans sera pourtant aussi connu que Charlet — son ami intime par ailleurs — à son époque. Mais son œuvre abondante qui comprend au moins deux cent cinquante tableaux s’attache surtout à un genre totalement passé de mode : les scènes militaires. Par exemple, pour l’année 1838, son biographe Jules Adeline répertorie neuf tableaux dont sept scènes militaires, deux scènes de genre et aucun portrait. Et pourtant le beau portrait de Rouen est daté de 1838.
Certes il s’agit ici d’une œuvre à destination d’un ami. Il s’agit de Gustave de Maupassant, le père du célèbre romancier. Or Bellangé connaît bien la famille : il se rend souvent à la propriété des Maupassant à Neuville Champs d’Oisel où il a même un atelier à sa disposition. Beaucoup de soin est apporté à ce portrait, notamment pour rendre la finesse des mains et les traits du visage. Peut-être ce tableau a-t-il souffert d’une mauvaise réputation donnée par Guy de Maupassant lui-même dans un moment d’humeur : dans une lettre écrite à Louis Le Poittevin, il écrit au mois de mars 1875 « Et tu viens me menacer de mettre un tableau de Bellangé au mont-de-piété quand tu possèdes une maison entière !!!!!!! / Rouennais ! Rouennais ! Rouennais ! Et nom de dieu de bougre de merdicolère de foutripétant, ne peux-tu le monter dans une chambre supérieure. (…) Cherche un emballeur et dis-moi vite ce que cela peut coûter de faire emballer cette croûte que je prendrai en allant à Étretat. »
Du vivant de Guy de Maupassant, le tableau appartenait au peintre Louis Le Poittevin, qui n’est autre que le fils de Louise de Maupassant, la sœur de Gustave de Maupassant. L’œuvre fut ensuite cédée au musée des Beaux –Arts de Rouen en 1902.