Nicolas Régnier
(1590 - 1667) | 853.6
Date : Vers 1624 | Technique : Huile sur toile
Né à Maubeuge en 1590 et formé à Anvers, Nicolas Régnier se trouve en Italie dès 1615. Après un séjour de dix ans à Rome jusque vers 1625, il est à Venise ensuite jusqu’à sa mort en 1667. Dès lors on le considère généralement comme un peintre essentiellement italien. C’est à Venise que le peintre Nicolo Renieri - comme il se fait appeler - connait une grande notoriété, portraiturant les grands de la cour, répondant aux commandes religieuses et à celles de grands particuliers vénitiens et étrangers. Le tableau de Rouen est intéressant parce qu’il semble se situer entre ces deux séjours italiens, peut-être à l’extrême fin de sa période romaine, vers 1624-1625.
Le peintre est ici très proche de l’esprit du Caravage lui-même par son côté « dramatique, violent et silencieux où passe un souffle de lyrisme » comme l’écrivent Arnauld Brejon de Lavergnée et Jean-Pierre Cuzin en 1974 dans leur catalogue sur Valentin et les Caravagesques français. Les deux figures féminines – sans doute Irène et une servante infirmière – rappellent à la fois l’art de Simon Vouet, par le modelé des visages et des mains et l’art de Manfredi – ce grand suiveur de Caravage à Rome –, par la composition : des personnages coupés à mi-corps sont engagés dans un dialogue silencieux dans une ambiance obscure. Mais déjà le style de Nicolas Régnier se dégage de ces influences par une recherche de l’équilibre, une certaine ampleur dans la composition, et certains traits caractéristiques comme les drapés serrés et le type androgyne du jeune homme.