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Un Esclave accablé de douleur

Félix Lecomte

(1727 - 1817) | 994.1.1

Date : 1769 | Technique : Marbre

Acquis en 1994
Auteur en 1774 du Monunent à Stanislas Leszcynszki dans la cathédrale de Nancy et, en 1775, de la Vierge du vœu de la cathédrale de Rouen, Lecomte était entré dans la carrière en exposant pour la première fois au Salon cet Esclave accablé de douleur en 1769, à côté de deux bas-reliefs, d’une esquisse et d’une tête d’étude. Après l’École royale des élèves protégés et l’Académie de France à Rome, il venait de rentrer à Paris pour se faire agréer à l’Académie royale de peinture et de sculpture.
Il devait encore préparer son morceau de réception, dont le sujet était Œdipe et Phorbas (1771, musée du Louvre), par lequel il deviendrait membre de cette académie.
Or l’Esclave accablé de douleur est justement une sculpture très proche de l’art des morceaux de réception : par son format inférieur à la demi-nature, son type (nu avec draperie) et son thème exprimant la douleur. Cependant la souffrance n’est pas celle du héros mais d’un être anonyme, accablé par sa condition. Un tel thème fait écho aux préoccupations des philosophes des Lumières qui condamnent l’esclavage au nom du droit naturel. Formellement il permet d’allier l’étude de l’homme dénué de tout, dans un état de nature, et celle de l’expression, excitant la pitié.
L’esclave à la musculature juvénile se dresse devant le rocher auquel il est attaché du pied gauche.
Les mains se compriment vers le ciel dans un geste d’imploration. La tête aux boucles lâches, renversée en arrière, rappelle l’Alexandre mourant hellénistique. Le marbre, traité avec finesse, soigne les finitions et le détail, tels que la pilosité naissante du visage ou l’opposition des matières : rugueuse pour le rocher, polie pour la draperie, mate et fouillée pour les chairs frémissantes.
Sculptée dans un beau marbre et dotée d’un socle ouvragé ancien, l’œuvre pourrait avoir été exécutée pour le jeune duc Louis Alexandre de La Rochefoucauld, dans le château duquel, à La Roche-Guyon, Lecomte sculpte la même année deux grands reliefs encore en place.