Albert Fourié
(1854 - 1937) | D.889.1
Date : 1886 | Technique : Huile sur toile
Ce témoignage charmant de la vie normande dans la seconde moitié du XIXe siècle conserve aujourd’hui encore toute sa fraîcheur. Malgré son sujet anodin – encore que certains aient décelé dans cette noce une complexe réflexion sociologique – le tableau a acquis au fil du temps une immense célébrité.
Cette tranche de vie est en effet très vivante et très attachante. On a accusé à l’époque le peintre, Albert Fourié, d’avoir travaillé en atelier à partir d’une photographie. Mais il existe justement une photographie en plein air de l’artiste à côté de son tableau inachevé. Cette anecdote illustre bien la place qu’occupe la photographie comme concurrente de la peinture à l’époque. Une autre indication en est la suggestion que l’on a faite que Fourié aurait mis sa toile sous les arbres — comme sur la photographie retrouvée — afin de mieux reproduire sur le tableau les effets de lumière traversant le feuillage pour tomber en tâches sur la table du repas. En tout cas le peintre se rapproche certainement de la photographie par son souci de croquer les visages et les attitudes dans un instantané qui rappelle directement cette technique.
Face à cette concurrence, nombreux sont les peintres qui adoptent l’impressionnisme. Mais Albert Fourié ne fera pas partie de ceux-là. Elève de Jean-Paul Laurens à l’Académie Julian, il restera fidèle à la tradition, mais il s’inspirera de la photographie, avec, en plus, un charme certain qui provient d’une facture moelleuse et douce qui s’oppose au rendu brutal et direct d’une image mécanique.