Jean-Baptiste Camille Corot
(1796 - 1875) | 874.1
Date : 1872-1873 | Technique : Huile sur toile
Corot conservera toute sa vie la maison de Ville-d’Avray que ses parents ont achetée en 1817. Les étangs et les forêts qui l’entourent lui inspirent un nombre important de toiles.
Ville d’Avray, l’étang au bouleau devant les villas est l’une des dernières de ces pastorales intemporelles où l’héritage de Poussin s’enrichit de l’expérience du plein air de Constable. Tout au bonheur de retrouver, la guerre finie, sa chère maison, Corot peint là, au cours de l’hiver 1872-1873 pour son ami Alfred Robaut, auteur du premier catalogue de son œuvre, une toile qui marque la distance à l’égard de la tradition. Le peintre poète sait trouver, à l’approche de la mort, des accents nouveaux.
Les nymphes ont cédé la place à de gracieuses villageoises réduites à des proportions infimes, le bouquet d’arbres est reporté sur le bord de la toile, l’eau limpide de l’étang et l’éclat ensoleillé du ciel allègent le centre de la composition; enfin le site est restitué avec une grande lisibilité, les villas Cabassud et la maison de Corot étant aisément identifiables. L’observation du réel y est sensible et la belle palette dorée tient compte des impressionnistes, sans que l’artiste renonce toutefois à l’exigence d’équilibre qui domine toute son œuvre et qu’il exprime en ces termes : « Ce que je cherche c’est la forme, l’ensemble, la valeur des tons […] c’est pourquoi, pour moi, la couleur vient après, car j’aime avant tout l’ensemble, l’harmonie dans les tons, tandis que la couleur nous donne quelque chose de heurté que je n’aime pas. »