Paul Huet
(1803 - 1869) | 887.3
Date : 1831 | Technique : Huile sur toile
À partir de 1817, Paul Huet fréquente à plusieurs reprises Rouen et sa région. Dans les derniers mois de 1829, il réalise une vue panoramique de la ville et du château d’Arques de plus de treize mètres de long, pour le Diorama Montesquieu, une des attractions de l’époque. Cependant, l’entrepreneur fait faillite, la peinture est saisie par les créanciers et disparaît dans l’incendie du Théâtre de la Gaîté. La Vue de Rouen porte le souvenir de cette grande composition disparue : en effet, d’après les esquisses et les études qu’il a prises sur le motif pour la réalisation de sa commande, l’artiste exécute en atelier cette grande toile qu’il expose au Salon de 1833. La ville, dépeinte par le nord-ouest depuis un site appelé le Mont-aux-Malades, n’est présente que par les clochers de ses églises et laissée dans l’ombre.
L’influence des paysages anglais de Constable, découverts au Salon de 1824, se fait sentir. L’immense ciel qui occupe la moitié de la composition est habité par des nuages menaçants qui jettent sur la terre de larges ombres déchirées de coups de lumière, d’un grand lyrisme. La vision du peintre, à la fois véhémente et réaliste des manifestations extrêmes de la nature, son sens du drame et sa manière vigoureuse montrent également l’influence qu’a pu avoir Eugène Delacroix sur son ami intime et protégé.
Ce paysage, un des succès du Salon de 1833, est considéré comme l’un des plus importants de l’école romantique, si ce n’est son chef-d’œuvre.