Alfred Sisley
(1839 - 1899) | 909.1.46
Date : 1893 | Technique : Huile sur toile
Le sentier qui monte et se perd à l’horizon est un thème récurrent dans l’œuvre de Sisley, mais jamais encore il n’avait revêtu l’importance que lui donne le Chemin montant au soleil. C’est probablement dans la tradition hollandaise du XVIIe siècle, chez Hobbema en particulier, qu’il faut en chercher la source. La route qui relie le premier plan au lointain, ménage une percée spectaculaire au centre de la toile et induit une vision allant au-delà du visible.
La structure de l’espace, toujours primordiale chez Sisley, représente ici une véritable prouesse, car le fort escarpement du coteau sur la droite et la montée abrupte du raidillon sont restitués sans le concours de la moindre verticale. Seules des formes arrondies, la meule sur le talus de gauche, les bouquets d’arbres vers le fond du vallon et les deux belles frondaisons centrales suggèrent les différences de niveaux. L’étagement des plans est rendu de façon très rigoureuse par la succession des ombres, d’un arbre invisible, des petits personnages, du clocher au fond. Ce procédé, Sisley l’applique également au ciel : « Le ciel a des plans comme les terrains » écrit-il. Les nuages blancs prestement enlevés sur le bleu intense du ciel, auquel répondent les accords orangés et ocre de la végétation, assoupis par le plein soleil de l’après-midi, impriment à l’œuvre une cadence qui lui confère cette sorte de silence méditatif propre aux meilleures œuvres de Sisley.