Á l’origine, ce tableau était placé dans la chapelle Giraldi de la cathédrale de Reggio Emilia, avec pour pendant le Martyre de saint Jean et de saint Paul conservé aujourd’hui au musée des Augustins de Toulouse. Il s’agit ici d’un chef-d’œuvre du maître bolonais datant d’avant sa reprise de l’atelier de Guido Reni en 1642. Á cette époque l’art du Guerchin se caractérise encore par un équilibre entre d’un côté le caractère fortement ancré dans la réalité de ses personnages et de l’autre l’harmonie idéale d’une composition assagie. Cette Visitation montre un style personnel, en s’éloignant des influences du réalisme des Carrache tout en étant encore peu marquée par l’art de Guido Reni.

Le tableau se voit aussi bien de loin que de près. La force de la gamme colorée n’a d’égale que celle de l’expression des visages de la Vierge et de sainte Elisabeth qui, dans un simple jeu de regards, traduit de façon très subtile mais très intense la connivence entre la beauté idéale, la pureté d’un côté et la vieillesse et l’expérience de l’autre.

Le jeu des lignes, tout en utilisant des règles très classiques, vient renforcer avec beaucoup de force encore, la profondeur de l’instant de la rencontre entre les deux saintes. En effet la grande stabilité du cadre architectural avec cette grande colonne centrale et ce large piédestal s’oppose ici aux mouvements variés des drapés, tandis qu’au centre règne la douceur d’une main qui s’abandonne à celle de son aînée.