Jean-Jacques Caffieri
(1725 - 1792) | D.819.9
Date : Vers 1779 | Technique : Terre cuite
« Honorons les grands hommes et les grands hommes naîtront en foule », ce vœu énoncé dès 1759 par l’académicien A.L. Thomas est à l’origine de la commande par le comte d’Angiviller, surintendant des bâtiments du roi, de la série des grands hommes de la France pour la grande galerie du Louvre en 1775. La statue de Corneille en marbre par Caffieri fait partie de cet ensemble qui occupe les plus grands sculpteurs de l’époque. Elle est exposée au Salon du Louvre en 1779. Dans le même souci d’édification, on a fait venir à Rouen en 1819, pour la galerie principale du musée, le Corneille en terre cuite que le maire de la ville réclamait depuis 1817, date de la fermeture du musée des Monuments Français où il figurait depuis 1799.
Cette terre cuite est passée pour le modèle du marbre présenté au Salon du Louvre. Il pourrait s’agir plutôt d’une reprise, ce qui serait un cas unique dans la série des grands hommes. Caffieri a repris ici la pose du personnage au corps robuste, assis sur une chaise au-dessus d’une pile de livres instable, en train de réfléchir à la phrase qu’il va écrire, le front plissé, les yeux baissés et une plume d’oie à la main. La vraisemblance psychologique s’associe au réalisme du costume.
L’œuvre fut très admirée dès le XIXe siècle comme en témoigne ce bel article paru en 1856 et publié dans Les Statues de Corneille à Rouen de G. Morin : « Le ton de la terre cuite est heureux ; la touche est pleine de sentiment, et la vie, qui se fait sentir dans toute la figure, la rend fort intéressante. Elle possède cet aspect pittoresque qui reporte bien le spectateur à l’époque où vécut le personnage représenté. L’ensemble, qui ne manque pas de dignité, a cependant un certain entrain familier qui rappelle la nature du poète, qui fut, à Rouen, marguillier de sa paroisse. »