Simon Vouet
(1590 - 1649) | 803.21
Date : 1642-43 | Technique : Huile sur toile
Cette Apothéose de saint Louis a une histoire mouvementée. Elle était associée à l’origine, vers 1642-43, à la célèbre Présentation au Temple du même peintre, chef-d’œuvre du Musée du Louvre ; elle la surplombait au sein d’un immense retable de près de seize mètres de haut dans l’église Saint-Louis-des-Jésuites, la maison professe des Jésuites à Paris. Les Jésuites avaient fait appel à Simon Vouet pour décorer ce qui devait être le plus riche des maîtres-autels de la capitale.
Mais dès 1763 l’autel est démembré et lors, des saisies révolutionnaires, le morceau de l’Apothéose est mêlé à divers autres attribués faussement à Vouet. Dès lors, lorsque le tableau est envoyé à Rouen parmi dix-huit œuvres en 1803, il est prêt pour être oublié. Et ce n’est qu’en 1966 grâce à l’aide de Pierre Rosenberg que l’Apothéose de saint Louis est nettoyée et reconnue.
Mais il y a une autre raison à l’oubli de cette œuvre : la critique fut sévère à son encontre lors de sa réalisation. Entre 1640 et 1642, Nicolas Poussin est à Paris à la demande de Louis XIII et c’est lui qui est à la mode, non plus Vouet. Comme le dit le roi lui-même à l’époque « Voilà Vouet bien attrapé ». Sauval, l’historien de la ville de Paris, rappelle notamment quelques dizaines d’années plus tard que « L’Assomption de saint Louis…est prise par quelques-uns pour une assomption de la Vierge tant l’attitude de ce saint est féminine » !
Mais aujourd’hui osons regarder l’œuvre sans préjugé : nous y verrons avec Jacques Thuiller « sa luminosité, la belle idée du globe formé par le groupe du saint et des deux anges et traversé par le croissant du manteau fleurdelysé, l’effet de mouvement produit par les courbes (et non plus par des diagonales), tout ce qui donne à cette apothéose une place à part entre toute celles, si nombreuses qui furent peintes en ce temps ».